Quels aliments pour les abeilles ? Composition, types et usages spécifiques
Publié le 27 juillet 2025
Le nourrissement des abeilles ne se limite pas à l’apport de sucre. Pour assurer la santé et la vitalité de la colonie, il est essentiel de comprendre les besoins nutritionnels fondamentaux des abeilles et les différents types d’aliments disponibles, chacun ayant une composition et des usages spécifiques.
Quels aliments pour les abeilles ? Composition, types et usages spécifiques
Les abeilles ont besoin de glucides (énergie, chaleur), de protéines et acides aminés (croissance, développement) et d’eau. Le miel est l’aliment naturel idéal mais risqué (maladies, pillage). Les sirops de sucre (maison ou invertis commerciaux) sont des alternatives courantes, avec des précautions sur leur composition (HMF, maltose). Le candi est particulièrement adapté pour l’hiver et les urgences. Le pollen est la principale source de protéines, transformé en pain d’abeille. Des substituts protéinés existent pour pallier les carences naturelles, notamment au printemps ou avant l’hiver.
Les besoins nutritionnels fondamentaux des abeilles
Pour vivre et prospérer, les abeilles ont besoin de plusieurs catégories de nutriments :
- Glucides : principalement présents dans le nectar et le miellat, les glucides (sucres) sont la source d’énergie vitale pour les abeilles. Ils leur permettent de se déplacer, de réchauffer le nid (le couvain a besoin d’une température stable de 35°C), de produire de la cire pour la construction des rayons, et de produire de la gelée royale. Les sucres les plus digestibles pour les abeilles sont le glucose, le fructose, le saccharose et le maltose.
- Protéines et acides aminés : le pollen est la source principale de protéines et d’acides aminés. Ces éléments sont indispensables à la constitution des organes, au développement et à la croissance des larves, ainsi qu’à la production de gelée royale par les jeunes abeilles nourricières. Les abeilles ne pouvant synthétiser tous les acides aminés essentiels, ceux-ci doivent être apportés directement par leur alimentation.
- Lipides : également trouvés dans le pollen, les lipides (matières grasses et huiles végétales) sont des éléments constitutifs des cellules, peuvent être convertis en énergie, et sont importants pour le maintien de la température corporelle de l’abeille et l’intégrité des membranes cellulaires. Certains pollens riches en lipides sont d’ailleurs très attractifs pour les butineuses.
- Eau : l’eau est un élément essentiel souvent sous-estimé. Elle est nécessaire pour la préparation des nourritures larvaires, pour diluer une nourriture trop concentrée, et pour maintenir un taux d’humidité et une température adéquats pour le bien-être des abeilles et du couvain. Une colonie peut consommer environ 1 litre d’eau par semaine pendant la période d’élevage.
- Minéraux : le bon fonctionnement de l’organisme de l’abeille nécessite un apport en minéraux tels que le calcium, le chlore, le cobalt, le cuivre, le phosphore, le fer, le magnésium, le manganèse, le nickel, le potassium, le sodium, l’iode et le zinc. Les abeilles ont une préférence pour l’eau riche en minéraux.
Les sources de glucides : énergie vitale et chaleur
Les glucides sont la principale source d’énergie pour les abeilles. Plusieurs options s’offrent à l’apiculteur pour compléter leurs réserves.
Le miel : l’aliment naturel idéal (avec précautions)
Le miel est, par nature, l’aliment idéal pour les abeilles. Il s’agit de la réserve collective de la colonie, fournissant des glucides essentiels et des minéraux. Sa faible teneur en eau (environ 17%) et sa forte concentration en sucre (environ 69% de sucres réducteurs) lui confèrent une longue conservation, une haute valeur nutritive et une digestibilité supérieure à celle du nectar. Une colonie consomme entre 50 et 120 kg de miel par an, dont 10 à 30 kg pendant l’hiver.
Cependant, l’utilisation de miel pour le nourrissement présente des risques importants. Il est fortement déconseillé d’utiliser du miel d’origine inconnue, car il peut être un vecteur d’agents pathogènes, notamment les spores de loque américaine, une maladie grave du couvain. De plus, l’odeur du miel peut rapidement inciter au pillage de la ruche par des abeilles étrangères, surtout en période de disette. Sur le plan pratique, le nourrissement au miel est coûteux.
Le miel d’été, souvent issu de miellat, peut contenir des niveaux élevés de sels minéraux, ce qui produit plus de déchets et risque d’engorger les intestins des abeilles, provoquant des dysenteries.
Enfin, si le miel cristallise dans les réserves de la ruche, il devient non consommable par les abeilles, à moins d’une forte condensation d’eau capable de dissoudre les cristaux. Le miel est donc un aliment paradoxal : parfait pour les abeilles, mais complexe et risqué à administrer par l’apiculteur.
Les sirops de sucre : solutions complémentaires
Les sirops de sucre sont une alternative courante au miel pour le nourrissement. Ils se présentent sous deux formes principales :
Sirops de fabrication maison : composés de sucre de table (saccharose) dissous dans l’eau, avec des concentrations variant généralement de 50% à 60% ou plus. L’eau chaude du robinet est suffisante pour la préparation, le sucre blanc raffiné étant impératif (les sucres roux ou blonds sont trop riches et mal supportés par les abeilles). L’inconvénient majeur est que les abeilles doivent hydrolyser ce saccharose en glucose et fructose à l’aide d’une enzyme salivaire, l’invertase. Ce processus est laborieux et peut fatiguer prématurément les abeilles.
Sirops invertis du commerce : ces sirops industriels, ont une composition similaire au miel (glucose et fructose) car le saccharose a déjà été hydrolysé. Ils épargnent aux abeilles le travail d’inversion, ce qui est censé augmenter la longévité des abeilles destinées à l’hivernage. Ils sont souvent fabriqués à partir de sucre de betterave ou de sirop de fructose-glucose issu du blé. Il est crucial de vérifier leur teneur en HMF (hydroxyméthylfurfural), une substance toxique pour les abeilles à des niveaux élevés (la réglementation fixe une limite à 40 mg/kg dans le miel sain, idéalement moins de 20 ppm pour les sirops).
Certains sirops dérivés d’amidon de blé peuvent être trop riches en maltose, indigestible pour les abeilles. Des additifs peuvent être ajoutés aux sirops pour diverses raisons : le vinaigre de cidre pour acidifier le sirop et retarder sa fermentation, et potentiellement prévenir ou soigner la nosémose ; le thym en infusion pour faciliter l’assimilation ; l’argent colloïdal pour lutter contre virus, bactéries et champignons ; les oligo-éléments pour compenser un manque de variété de pollen ; la levure de bière pour un apport protéique. En revanche, l’homéopathie n’a pas démontré de bienfaits sur les abeilles.
Le candi : l’aliment d’hiver par excellence
Le candi est un fondant prêt à l’emploi, particulièrement recommandé en automne et en hiver, lorsque les ressources naturelles sont limitées.
Composé majoritairement de saccharose (par exemple 83% pour le Candi Api Bio) et enrichi en sucres supérieurs, sa texture micro-cristallisée assure une ingestion facile et rapide par les abeilles. Il est idéal pour soutenir les abeilles entre deux périodes de floraison, pour la formation de nouvelles colonies, et pour dynamiser les colonies à la sortie de l’hiver. Sa texture pâteuse et stable l’empêche de couler et le rend consumable même à basse température. Il suffit de percer le sachet et de le poser directement sur les cadres ou dans un nourrisseur.
Le candi est l’aliment le plus approprié en période de disette hivernale, car il est placé directement près de la grappe d’abeilles. Il contribue également à réduire l’humidité de condensation à l’intérieur de la ruche, l’humidité ambiante dissolvant le candi et le rendant accessible aux abeilles. Cette réduction de l’humidité est particulièrement bénéfique dans les zones humides pour améliorer les conditions d’hivernage et prévenir le développement de moisissures. Un autre avantage est qu’il est rarement stocké dans les cadres, ce qui évite le risque d’adultération de la première récolte de miel.
Certains candis sont enrichis en protéines, comme le Candi Super Protéiné (11% de protéines) ou les pâtes Nutri Pro, offrant un apport glucidique et protéiné combiné.
Type d’aliment | Composition principale | Usage recommandé | Avantages | Inconvénients / précautions |
---|---|---|---|---|
Miel | Fructose, glucose, eau, minéraux. | Idéal si de la même ruche. | Naturel, haute valeur nutritive, digestible, longue conservation. | Risque de transmission de maladies (loque américaine), pillage, coût, cristallisation, HMF si vieux. |
Sirop maison | Saccharose (sucre blanc) + eau. | Économique, facile à faire, bien accepté. | Stimulation (léger), hivernage (concentré). | Fatigue les abeilles (inversion du saccharose), risque de HMF si mal préparé. |
Sirop inverti commercial | Fructose, glucose, saccharose (pré-inverti). | Stimulation (léger), hivernage (concentré). | Épargne le travail d’inversion aux abeilles, améliore la longévité des abeilles d’hiver. | Coût, risque de maltose indigeste (selon origine), vérifier taux HMF (<40mg/kg). |
Candi | Saccharose (micro-cristallisé). | Hiver, entre miellées, urgence. | Facile à ingérer à basse température, ne coule pas, aide à gérer l’humidité, rarement stocké dans les cadres. | Principalement glucidique (sauf versions enrichies), peut nécessiter un apport en eau. |
Sources :